Deux doctorant·e·s prendront la parole :
« La confrontation d’étendues hétérogènes dans la peinture contemporaine » Noémie Cursoux :
À la fois fragmenté et continu, l’espace proustien, selon Georges Poulet, tend à « mettre en rapport des lieux qui n’existent qu’indépendamment les uns des autres » (91).
Mes recherches en Sciences de l’Art portent sur un corpus de peintures récentes, réalisées par Yann Lacroix, Arthur Aillaud, Jérémy Liron, Claire Colin-Collin, Rémy Hysbergue, Eva Nielsen et Clément Davout, au sein desquelles, à l’instar de l’espace littéraire de Proust, des espaces hétérogènes se rencontrent. Cette construction de l’espace, de plus en plus visible depuis environ deux décennies dans le champ de la peinture
contemporaine, met en relation des lieux dont la conjonction est inattendue, par le truchement de procédés de superposition et/ou de stratification.
Cette hétérogénéité réside non seulement dans ce que ces différentes étendues peuvent (re)présenter mais aussi dans leurs qualités proprement matérielles, picturales. Il s’agit d’analyser le processus de construction de la peinture afin d’identifier ce que cette nouvelle manière d’envisager et de concevoir l’espace pictural – comme un collage peint – pourrait refléter d’une vision contemporaine sur le monde ; tout en prenant en compte un fait signifiant dans l’exécution de la peinture : l’usage de nouveaux outils numériques, notamment pour la recherche du motif ou comme intermédiaire entre ce motif et l’artiste. Il est indéniable que la place qu’occupent les dernières nouvelles technologies dans nos quotidiens ainsi que le flux croissant et incessant des images ne manquent d’influencer la pratique des peintres. En ce sens, mes recherches tendent à comprendre comment s’exerce cette influence, qu’il s’agisse de peintures de paysage ou d’espaces indéterminés.
Cet atelier abordera dans un premier temps ma méthodologie de recherche basée sur une étude de la matière picturale comme point de départ, et enfin parcourra quelques-uns de mes axes de recherche, notamment la question de la peinture paysage aujourd’hui.
« Les rapports entre les régimes politiques et les constructions/destructions des statues dans l’espace public dans le Rhône, la Loire et la Haute-Loire (1848-1945) » Birkan Argun :
En 1848, la Deuxième République est proclamée, puis Louis-Napoléon Bonaparte, élu premier Président de la République, se proclame le 2 décembre 1852 « Empereur des Français » et la France bascule à nouveau dans un Empire. La Troisième République est proclamée le 4 septembre 1870, après la débâcle de Napoléon III lors de la guerre contre les Prussiens en 1870. Ce régime parvient à s’imposer dans la durée, jusqu’au
10 juillet 1940 et le vote par l’Assemblée nationale, réunie à Vichy, des pleins pouvoir au Maréchal Pétain. S’en suit un régime dictatorial, sous le nom d’« État français » jusqu’au 9 août 1944. En 1944-1945 débutent les premières reconstructions de la République française.
C’est dans ce contexte de succession de régimes politiques plus ou moins stables – deux républiques, un Empire, une dictature et une libération par les armes en temps de guerre – que
s’inscrit mon projet. Durant cette période, ce patrimoine urbain ne cesse d’exister et de lutter pour sa survie, à travers des individus souhaitant sauvegarder dans un espace ouvert et commun des évènements nationaux ou locaux, voulant également rendre hommages à des personnes qu’elles considèrent comme importantes. Ce phénomène de statuaires dans l’espace public trouve également ses détracteurs, voulant faire tomber
ces œuvres pour diverses raisons, pouvant être idéologiques ou esthétiques. Ces édifices monumentaux, allant de statues qualifiables « d’artistiques », jusqu’aux statues d’hommages aux Grands Hommes (dont nous parlent à travers leurs travaux l’historien Maurice Agulhon ou encore Christel Sniter), en passant par les monuments aux morts des guerres de 1870-1871 et 1914-1918, s’élèvent et s’abattent sous les yeux des habitants des communes de trois départements limitrophes (Rhône, Loire et Haute-Loire), avec les recours des Hommes et des relations qu’ils entretiennent et perpétuent avec les politiques locaux, avec les politiques gouvernementaux et avec leurs passés.
Cet atelier va aborder l’aspect méthodologique du travail de recherche autour de ce thème, avec la recherche de sources, l’accumulation des données inhérentes au contenu de cette thèse et le traitement de ces sources collectées.
L’atelier se tiendra le jeudi 16 juin à 17h30 dans l’amphi J01 sur le campus Tréfilerie (Université Jean Monnet – Saint-Étienne).